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01 Oct 24

Dr Theodor Blech

KOOMA Fondation - 1964

11 août 1994

Chers amis,

Lorsque nous avons commencé à développer de nouvelles variétés de cultures à haut rendement dans les années 1950, nous espérions réduire la faim et la pauvreté dans le monde. Si mon travail et celui de mes collègues scientifiques ont indéniablement contribué à nourrir d'innombrables personnes, il est désormais évident pour moi que l'accent mis sur l'augmentation de la productivité nous a conduits à négliger les conséquences écologiques et socio-économiques à long terme de nos actions.

Nous n'avions pas anticipé les dégradations environnementales, la pollution et les risques pour la santé qui résulteraient de l'utilisation excessive d'engrais et de pesticides, pas plus que les pénuries d'eau qu'impliquerait l'irrigation intensive requise par ces cultures. Surtout, la diminution désastreuse de la diversité des cultures entrainée par nos innovations m'attriste au plus haut point.

Pendant des milliers d'années, les semences ont été collectées, sélectionnées et transmises d'agriculteur à agriculteur et de génération en génération, créant une riche diversité de cultures adaptées aux conditions locales. Au cours du siècle dernier, 75 % de ces variétés génétiques ont disparu, rendant notre système alimentaire mondial très vulnérable aux maladies, aux parasites et aux événements climatiques extrêmes. Nous avons transformé les semences en propriété intellectuelle et en actifs commerciaux, conçues pour être utilisées une seule fois et rachetées chaque année. Cela a conduit marginaliser les petits agriculteurs et à concentrer plus de la moitié de l'approvisionnement mondial en semences entre les mains de quatre entreprises.

Pour aller de l'avant, nous devons nous unir et travailler à restaurer l'équilibre et la résilience de notre système alimentaire. Il est impératif que nous nous concentrions sur la préservation et la revitalisation de la diversité génétique de nos cultures. Nous devons pratiquer une agriculture régénérative et donner la priorité à la santé de nos sols. Nous devons soutenir les petites exploitations agricoles et promouvoir les systèmes alimentaires locaux résilients et équitables. Nous devons enfin nous attaquer aux causes systémiques de la faim et de la pauvreté, qui sont souvent liées à des inégalités sociales et politiques.

Je crois en notre capacité à tirer les leçons des erreurs du passé pour construire un système alimentaire plus fort, plus juste et plus durable pour tous.

Avec toute ma confiance et mon engagement,

Dr. Theodor Blech

LE DOCTEUR THEODOR BLECH EST RÉCOMPENSE PAR LA FONDATION KOOMA POUR SES SERVICES RENDUS A L'HUMANITE, 1964